L’ouragan Melissa : un coup dur pour les rhums jamaïcains

Le 28 octobre 2025, l’ouragan Melissa a traversé l’île de Jamaïque en catégorie 5, marquant le passage du phénomène le plus puissant jamais enregistré sur le pays. L’ouragan Melissa, l’un des plus puissants jamais recensés, a causé la mort d’au moins 28 personnes, selon un nouveau bilan humain communiqué par le premier ministre jamaïcain, Andrew Holness, sur le réseau social X samedi 1er novembre.

Tandis que les médias généralistes couvrent l’impact sur les populations et les infrastructures, cet article se concentre sur les conséquences pour l’industrie du rhum jamaïcain, en particulier pour les six principales distilleries de l’île.

Carte des distilleries de rhum de la Jamaïque

Distilleries épargnées

Les trois distilleries situées à l’est de l’île — Clarendon Distillery, New Yarmouth Distillery et Worthy Park Estate — semblent avoir subi des dommages relativement modérés.

Notamment, Worthy Park a publié un communiqué : « Nous sommes soulagés de partager que le domaine n’a pas subi de dommages structurels significatifs et que notre équipe est saine et sauve. »

Cependant, l’accès à Worthy Park reste difficile car le domaine se trouve dans une vallée et la route d’accès, étroite et montagneuse, est actuellement fermée en raison de glissements de terrain.

Distilleries plus exposées

À l’inverse, les trois distilleries situées à l’ouest — Hampden Estate, Long Pond Distillery et Appleton Estate — se situent plus proches de l’œil de la tempête, et leurs infrastructures ont un risque accru.

Ces trois distilleries sont parmi les plus emblématiques de la Jamaïque, tant pour le patrimoine que pour la production de rhum. Une perte partielle ou totale de l’une d’entre elles serait très lourde pour l’industrie locale.

Facteurs secondaires à surveiller

Le personnel

Même si les équipements ne sont pas (ou peu) touchés, l’impact humain peut être majeur : les employés peuvent avoir perdu leur logement, être blessés ou devoir s’occuper de leur famille. Cela peut retarder la reprise des activités, même si la distillerie est prête.

De plus, comme on l’a vu lors de crises précédentes (COVID‑19, ouragans), les distilleries s’impliquent souvent dans la communauté et peuvent temporairement détourner leur production pour des besoins urgents locaux (désinfection, eau potable…).

L’approvisionnement en mélasse

L’industrie jamaïcaine du rhum dépend désormais largement de mélasse importée, car l’industrie sucrière locale a fortement décliné.

La distillerie Worthy Park est un des rares cas où la mélasse provient de son propre moulin à canne sur site. Mais les ouragans peuvent ravager les champs de canne, ce qui met cette voie plus « locale » en danger.

Même les stocks importés peuvent être menacés si les terminaux de déchargement sont endommagés. Les distilleries disposent souvent de réserves — « quelques mois » — mais on ne sait pas exactement celles dont elles disposaient avant Melissa.

Les stocks de rhum

Les stocks de rhum embouteillés qui ont déjà vieilli sont moins vulnérables à court terme.

Par exemple, la société Wray & Nephew a réparti ses fûts dans différents entrepôts à travers l’île, limitant les risques de perte totale dans un seul lieu.

En revanche, si une distillerie ne peut plus produire pendant une période prolongée, cela peut affecter la disponibilité à moyen terme de rhums jeunes ou de production courante.

Impact sur la disponibilité des rhums jamaïcains

Si vous vous demandez s’il faut « se précipiter pour acheter tout le rhum jamaïcain disponible », la réponse est : ça dépend.

Les expressions non vieillies ou peu vieillies (ex : le type « Overproof », ou les rhums jeunes qui sortent rapidement) sont les plus susceptibles d’être impactées rapidement. Si une distillerie ne peut plus distiller, l’effet se fait sentir en quelques mois.

Les rhums ayant déjà vieilli ont une marge de manœuvre plus large pour absorber une interruption de production.

Si l’approvisionnement en mélasse ou les infrastructures de mise en bouteille sont perturbés, cela peut aussi entraîner des hausses de prix ou des réductions d’offres, notamment pour les marques qui s’appuient sur des achats en vrac chez des embouteilleurs indépendants.

Conclusion

Il est encore trop tôt pour dresser un panorama complet de l’impact de l’ouragan Melissa sur l’industrie du rhum jamaïcain. Les premières informations sont encourageantes pour certaines distilleries, mais les incertitudes demeurent, notamment sur les établissements les plus exposés, sur la chaîne d’approvisionnement et sur les stocks à moyen terme.

L’industrie du rhum jamaïcain et ses artisans occupent une place particulière pour les amateurs — l’issue de cette tempête touche donc autant au patrimoine qu’à la production.

Source : RumWonk

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