Les vieilles liqueurs françaises : un trésor oublié à redécouvrir

La France est reconnue pour la richesse et la diversité de ses spécialités culinaires mais également pour ses boissons.

La France ne se limite pas à ses vins ou ses champagnes, elle cache dans ses caves et monastères la richesse de ses liqueurs. Ces boissons alcoolisées sont généralement obtenues par macération de plantes, de fruits, d’épices ou d’aromates dans de l’alcool, ou par leur distillation, puis adoucies par l’ajout de sucre ou de sirop.

Herbacées, florales, amères ou sucrées, elles sont le résultat d’un savoir-faire ancestral, souvent monastique ou artisanal, et racontent une autre histoire du terroir.

Aujourd’hui, on redécouvre avec passion ces élixirs qui mêlent plantes, alcool et mystère, voici quelques liqueurs françaises historiques.

Chartreuse

L’incontournable Chartreuse, née en 1605 est fabriquée à base de 130 plantes dont seules trois personnes au monde connaissent la composition exacte. Elle est élaborée par les moines chartreux, installées en Isère. Il existe deux types de chartreuses : la verte à 55° puissante, herbacée et très expressive, et la jaune, plus douce avec des saveurs de miel et d’épices, à 40°.

Certaines cuvées, comme la Chartreuse V.E.P. (Vieillissement Exceptionnellement Prolongé), vieillissent de longues années en fûts et gagnent en complexité.

La Chartreuse est l’une des rares liqueurs encore fabriquées par des moines, dans la pure tradition artisanale. Son secret de fabrication est jalousement gardé depuis plus de 400 ans, ce qui contribue à son aura mystique et unique dans le monde des spiritueux.

Bénédictine

Inventée par le moine Dom Bernado Vincelli, à Fécamp en Normandie en 1510, la Bénédictine est une liqueur riche et complexe, qui associe 27 plantes et épices. Elle offre des notes miellées, épicées, avec une belle longueur en bouche.

Le dernier moine de l’abbaye de Fécamp a transmis la recette secrète à la famille Le Grand. Alexandre Le Grand s’engage alors à protéger soigneusement la recette et son processus de fabrication.

Il obtient par ailleurs le droit d’utiliser le nom et les armoiries de l’abbaye de Fécamp sur les bouteilles, de la liqueur qu’il baptisera Bénédictine en référence au moine Dom Bernardo Vincelli. Il inscrit également sur les bouteilles la mention « DOM » la devise des Bénédictins Deo Optimo Maximo, qui signifie Dieu très bon, très grand.

La liqueur de Chambord

La liqueur de Chambord a été créée en 1685 après la visite de Louis XIV au château de Chambord, dans le département du Loir-et-Cher. La liqueur est composée d’un mélange de framboises, de mûres, de vanille et de miel, le tout assembler avec du cognac XO. 

L’anisette

Héritière des anciennes techniques de distillation, l’anisette puise ses origines dans les eaux d’anis élaborées en Méditerranée à partir du XVIᵉ siècle.

L’anisette est une liqueur douce à base de graines d’anis vert, sucrée et claire. Traditionnellement, elle se consomme seule comme digestif ou pour allonger le café.

La version la plus connue en France est celle créée en 1755 par Marie Brizard à Bordeaux. Cette maison de liqueurs en a fait sa spécialité et a largement contribué à la diffusion de l’anisette en Europe et dans le monde.

La liqueur de verveine

La liqueur de verveine est beaucoup plus récente que la plante elle-même. La liqueur est apparue au XIXᵉ siècle en Auvergne, et plus précisément au Puy-en-Velay, en Haute-Loire. C’est pour cela que la liqueur de verveine est également appelée Verveine du Velay.

C’est une boisson traditionnelle et aromatique, élaborée à partir des feuilles de verveine citronnelle, une plante aux notes fraîches et délicatement citronnées rapportée d’Amérique du Sud.

Connue pour ses propriétés digestives et apaisantes, elle se savoure généralement en fin de repas. Aujourd’hui encore, elle reste associée au patrimoine gastronomique et culturel de l’Auvergne. Elle est parfois revisitée comme le fait De Michellot, avec sa liqueur de verveine agrémentée de citron et de menthe poivrée, alliant intensité et fraîcheur.

La liqueur de menthe

Au XIXᵉ siècle émerge la distillation des plantes aromatiques, à l’instar de la liqueur de verveine, la liqueur de menthe voit le jour.

La menthe, utilisée depuis l’Antiquité pour ses vertus digestives et rafraîchissantes, a été transformée en liqueur par des liquoristes français qui cherchaient à créer des boissons à la fois agréables au goût et réputées bénéfiques pour la santé.

La liqueur de menthe offre une dégustation fraîche et intense. La marque De Michellot propose une version moderne de la liqueur de menthe, à la fois douce et équilibrée en combinant de la menthe verte et de la menthe poivrée, avec une touche d’eucalyptus.

La liqueur de sureau

La plante est utilisée depuis l’Antiquité en médecine et également en cuisine. Les Romains, les Celtes et les Germains en faisaient déjà des préparations fermentées comme du vin de sureau ou de la bière aromatisée.

Les premières liqueurs artisanales à base de fleurs ou de baies de sureau apparaissent dans les campagnes européennes au Moyen Âge, préparées par des moines et des paysans.

La liqueur de sureau telle qu’on la connaît aujourd’hui a été popularisée par la marque française St-Germain, lancée en 2007 à Paris par Robert Cooper. Elle est faite à partir de fleurs fraîches de sureau cueillies à la main dans les Alpes françaises.

La liqueur de gentiane

La liqueur de gentiane est une liqueur macérée ou distillée à partir de racine de gentiane.

Réputée pour ses vertus digestives, c’est une plante médicinale utilisée depuis l’Antiquité puis au Moyen Âge par les moines. La plante sera ensuite distillée pour produire une liqueur artisanale au XVIIIe siècle.

La liqueur s’est popularisée en 1889 grâce à la marque Suze. Depuis, de nouvelles marques proposent également des liqueurs de gentiane comme De Michellot et leur liqueur de gentiane macérée lentement à froid sans arômes artificiels.

Cointreau

Le Cointreau est une liqueur d’orange produite par la société du même nom à Angers en 1875.

Cette liqueur est un assemblage d’écorces d’oranges sèches et d’écorces d’oranges fraîches. Elle peut s’apparenter à un spiritueux de part son processus de distillation et son degré d’alcool qui s’élève à 40 %.

La marque s’est popularisée grâce à sa communication et notamment à travers la création du personnage de Pierrot Cointreau. Aujourd’hui encore, cette liqueur est incontournable dans l’élaboration de certains cocktails.

Grand Marnier

Le Grand Marnier est une liqueur qui associe le cognac et l’orange amère.

La liqueur a été créée en 1880 par Louis-Alexandre Marnier Lapostolle qui a simplement voulu marier du cognac avec une variété rare d’oranges. D’abord nommée « Curaçao Marnier » la boisson a par la suite été renommée en « Grand Marnier » qui devient également le nom de la marque.

Cette liqueur peut se déguster pure comme un spiritueux ou en cocktail.


Parmi ces vieilles liqueurs françaises, certaines occupent une place à particulière en raison de leur histoire, de leurs origines régionales et de leur élaboration artisanale. C’est le cas également pour certains spiritueux anciens comme le génépi ou l’absinthe, dont les recettes, souvent transmises de génération en génération, mêlent traditions locales, savoir-faire ancestral et usage médicinal. Ces alcools emblématiques, longtemps oubliés ou interdits, connaissent aujourd’hui un véritable renouveau.

Les spiritueux sont produits à partir d’une matière première, comme les céréales, fermentée puis distillée, avec un taux d’alcool de 40 % minimum, sans ajout de sucre.

L’absinthe

L’absinthe, bien qu’elle soit née en Suisse à la fin des années 1790, devient rapidement populaire en France au début du siècle suivant. Vendue d’abord comme un médicament, l’absinthe est par la suite consommée comme un apéritif et particulièrement appréciée par les artistes.

Surnommée « la fée verte » elle devient interdite en Suisse en 1910, puis en France 5 ans plus tard, du fait de sa mauvaise réputation. Elle est accusée de rendre fou, violent et dépendant, à cause de la molécule thuyone, contenue dans la plante d’absinthe.

C’est à la fin des années 1990 que l’absinthe est de nouveau autorisée avec des taux de thuyone limités par la loi.

Le Génépi

Très apprécié des amateurs de montagne, le génépi est un spiritueux typique des Alpes, élaboré à partir de variétés d’armoise poussant en altitude. C’est une boisson fine, aux notes florales, herbacées et légèrement amères.

Au Moyen Âge, la plante est utilisée en infusion notamment pour ses vertus digestives et stimulantes. L’alcool en tant que tel est produit au XIXe siècle. Traditionnellement, on prépare le génépi maison en macérant les fleurs dans de l’alcool avec un peu de sucre.

Aujourd’hui, certaines distilleries proposent des versions artisanales différentes, parfois vieillies en fût ou avec des épices supplémentaires, comme le génépi de la marque De Michellot. Il allie la tradition du génépi à la fleur d’angélique, la tanaisie et la sauge, créant ainsi un équilibre entre douceur et amertume.

Redécouvrir les vieilles liqueurs et spiritueux français, c’est renouer avec une part oubliée de la culture. Qu’ils soient consommés dans un cocktail ou en digestifs, ces élixirs racontent une histoire : celle des plantes, des alchimistes, des moines, et de la patience.

Pensez à bien conserver vos liqueurs et spiritueux debout, bien fermés et à l’abri de la lumière.

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